Lupin d'hiver : anticiper les semis.
L'implantation est l'étape clé de la culture du lupin. Elle se prépare dès la récolte du précédent, afin d'assurer les meilleures conditions de réussite de la culture.
Choix de la parcelle
Le choix de la parcelle est un critère très important pour la réussite du lupin d'hiver. Sont à éviter :
les parcelles hydromorphes - le lupin est très sensible aux excès d'eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ;
les parcelles présentant un taux de calcaire actif supérieur à 2.5 % - le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaître ;
les parcelles présentant un fort risque de salissement - peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l'enherbement est un point sensible de l'itinéraire technique de la culture.
Choisir une parcelle saine, à pH à tendance acide, afin de favoriser le bon développement de la culture.
Anticiper le risque mouche des semis
La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les gaz émis par les pailles fraîches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d'œufs.
Durant les trois semaines qui suivent, la larve, très attirée par les graines en germination, peut s'attaquer aux jeunes pousses de lupin. Elle creuse ainsi des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus.
La période de risque pour le lupin se situe avant le stade quatre feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister.
Afin de prévenir le risque mouche, trois leviers doivent être actionnés :
gestion des pailles : sitôt la récolte terminée, exporter au maximum les pailles afin de limiter la présence de résidus végétaux frais sur la parcelle ;
préparer le sol un mois avant le semis, afin d'enfouir au maximum les pailles restantes, puis ne toucher plus au sol ;
semer en bougeant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade quatre feuilles.
Le lupin en non-labour
De nombreux agriculteurs, que ce soit par conviction par rapport à un type de sol ou un contexte climatique, ne peuvent ou ne souhaitent plus labourer.
Les résultats des travaux menés sur l'impact du non-labour sur la mouche des semis tendent à souligner que c'est davantage la date du travail, plutôt que le type qui influe. Travailler le sol trois semaines avant le semis permet de limiter fortement les attaques de mouches.
Variétés
Quatre variétés de lupin d'hiver sont inscrites - ORUS, MAGNUS, ULYSSE et ANGUS. Ce sont principalement ORUS et MAGNUS qui sont multipliées aujourd'hui.
Votre choix doit se faire en fonction du débouché (couleur des graines, teneur en protéines...), et de la localisation de votre parcelle (résistance au froid, précocité à floraison ...).
Penser à l'inoculum !
Contrairement au pois ou à la féverole, Brad yrhizobium lupini, le rhizobium spécifique au lupin, n'est pas naturellement présent dans tous les sols français.
Il est donc fortement conseillé d'inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d'assurer son autonomie azotée.
Date et densité de semis
Semer le lupin entre le 10 et le 30 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu'à la mi-octobre.
Semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d'un système racinaire solide.
Ne semer ni trop dense (risque maladie) ni trop profond : semer 25-30 graines/m², à 2-3 cm de profondeur - objectif 20 à 25 plantes par m² en sortie d'hiver.
L'objectif est de favoriser une levée rapide et homogène, et de dépasser au plus vite le stade de sensibilité à la mouche des semis (avant le stade 4 feuilles).
Désherbage de pré-levée
Une unique solution antidicotylédones étant homologuée sur lupin en post-levée, le désherbage de pré-levée est obligatoire.
Le désherbage mécanique peut également permettre une bonne gestion des adventices, et offre une solution complémentaire au désherbage chimique.
Ravageurs
En début de cycle, surveiller limaces, taupin et thrips, qui peuvent causer des dégâts sur les jeunes plantes de lupin.