Pollinisation des abeilles sur le rendement du colza.
Les abeilles plus rentables que les pesticides pour la culture du colza ?
La diffusion d’un communiqué de presse de l’Inra et du CNRS qui l’affirme, publié dans l’Eure agricole et rurale le 17 octobre, mérite un éclairage de Terres Inovia.
récente de l’Inra et du CNRS
En ce qui concerne la contribution des insectes pollinisateurs au rendement du colza, les résultats de l’étude de l’Inra sont bien conformes à l’ensemble des connaissances actuelles. On peut toutefois remarquer que les chiffres mis en avant dans la communication reprennent les valeurs extrêmes des observations.
Le bénéfice réel des pollinisateurs que peuvent attendre les producteurs sera généralement moindre et très variable – mais reste malgré tout à préserver dans une approche gagnant-gagnant (agriculteur/pollinisateurs/apiculteurs).
Le fait d’interdire l’accès aux insectes par outils d’exclusion sur les hampes de colza réduit la nouaison de 30 %. Ce chiffre est totalement en cohérence avec les références actuelles. Il est représentatif de la contribution maximale attendue des insectes pollinisateurs à la production grainière du colza.
Mais attention, il ne représente pas l’impact attendu sur le rendement. La pollinisation a un impact sur une des composantes de rendement du colza, le taux de nouaison (nombre de siliques), mais n’impacte pas le nombre de graines par siliques ou le PMG.
Faire le lien direct entre taux de nouaison et rendement est donc un raccourci. De plus, on note dans l’étude et d’autres études un effet « année » fort : en effet dans l’étude CNRS-Inra c’est la différence d’abondance d’abeilles entre années qui explique les différences de taux de nouaison, si on se penche sur les données année par année, l’abondance de pollinisateurs et le taux de nouaison ne sont pas du tout liés. Cette variabilité est bien connue (les conditions climatiques influencent l’abondance des pollinisateurs et l’élaboration du rendement).
Les résultats de cette étude du côté de l’analyse technico-économique de la culture du colza souffrent de plusieurs limites méthodologiques fondamentales, qui amène à considérer que les résultats de cette étude sont peu interprétables et exploitables en l’état et que les conclusions technico-économiques ne sont pas utilisables.