Sevépi : faire de l'agriculture une solution pour le climat.
Avec des colzas bas GES (Gaz à Effet de Serre) proposés depuis 3 campagnes, une certification Agri Confiance obtenue en octobre et une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), Sevépi fait de l'environnement une stratégie commerciale. L'occasion pour Louis Bodin (météorologiste) d'affirmer que « l'agriculture prend sa part, c'est peut-être le secteur qui en fait le plus ».
Pas de vent contraire et météo plutôt clémente lors des travaux d'assemblée générale de la coopérative Sevépi qui s'est tenue le 12 décembre dernier avec, pour invité d'honneur, Louis Bodin. Journaliste scientifique (ingénieur météorologie diplômé de l'École Nationale) et présentateur sur TF1 et RTL, il est venu éclairer sur ce qui se passe dans le ciel « avec modestie et humilité. Il ne faut pas être dans l'extrême » dénonçant au passage certains comportements tous bariolés de vert. Avec un bon sens paysan, il a remis l'église météorologique au coeur du village, historiquement, scientifiquement et enfin prospectivement.
En regardant dans le rétroviseur, il a rappelé « la jeunesse de cette science, le premier relevé date de 1870... Les pluies torrentielles qui ont fait 3 000 morts dans le sud-ouest en 1821 ». Il a tordu le cou à cette croyance populaire « y-a plus de saisons » déjà entendue en 1821 de la bouche d'un ministre de la République Française. Il a insisté aussi sur les prévisions « fiables de 24 h à 7 jours. Au-delà, ce n'est plus de la science ».
Louis Bodin n'est cependant pas climatosceptique, mais d'insister : « le réchauffement, c'est la moyenne. On attend de moi des choses que je ne peux pas dire. Appuyons-nous sur des réalités et non des fantasmes». Réalités hexagonales d'abord.
La France n'apparait plus parmi les gros émetteurs de CO2 grâce au nucléaire, la France au pouvoir impactant sur le climat mondial plus que limité : moins de 1 %, la France où l'on urbanise là où il y a un risque... Réalités mondiales ensuite avec les courants maritimes qui font le tour du monde et une terre qui ne manquera pas d'eau. « On n'a pas de problème d'eau, on a un problème de partage. Sur les 500 milliards de m3 apportés par an par la pluie et la neige, 300 milliards s'évaporent. Il reste 200 milliards : 6 milliards sont consommés et 194 milliards s'écoulent vers la mer ». Alors banco pour les bassines sous condition.
Et prospectivement ? « 200 000 humains de plus chaque jour soit + 2,15 Mrd dans 35 ans, c'est un défi colossal pour l'agriculture, ça ouvre des perspectives ». Et d'appeler au devoir collectif au lendemain de la COP 28. « L'Europe est le seul endroit au monde où les émissions de CO2 sont en baisse, avant de conclure, la hausse des températures, quoi qu'on fasse aujourd'hui, on n'en verra pas les effets ». Pour autant, l'agriculture prend et assume sa part de responsabilité dans la lutte contre le réchauffement climatique. « C'est peut-être le secteur qui en fait le plus », a suggéré Louis Bodin à l'écoute du rapport d'activité de Sevépi.
L'équation n'est cependant pas simple à résoudre. C'est une affaire planétaire et il ne faut pas tirer une balle « environnementale» dans le pied de la Ferme France. Écologie et économie doivent cohabiter sinon place aux autres : la Russie, la Chine, le Brésil, par exemple...