UCDV : y aura-t-il suffisamment de pulpe à Noël ?
Avec un rendement d'environ 9 t/ha contre 11-12 t en année normale en luzerne et des rendements betteraviers qui, même si la messe n'est pas encore totalement dite, risquent fort d'être en recul par rapport à l'an dernier, la disponibilité en pulpe ne couvrira pas le déficit fourrager de 2022.
L'assemblée générale de l'UCDV (Usines Coopératives de Déshydratation du Vexin) se tient le 13 septembre prochain (9 h 30) à Gamaches-en-Vexin. La question de la disponibilité en pulpe et de son niveau de prix sera sans nul doute abordée. « Nous restons cohérents dans notre politique commerciale, mais l'UCDV ne pourra pas compenser les baisses de rendements des cultures fourragères des éleveurs », anticipent Nicolas Durand (président), Laure Figeureu-Bidaud (vice-présidente) et Thomas Lavenu (directeur). Entretien croisé.
Que dire de la récolte 2022 de luzerne ?
Nous faisons face à une troisième coupe d'un faible niveau. Nous devrions au final tourner aux alentours de 9 t/ha contre 11-12 t en année normale. Cependant, l'augmentation de la sole, 2 700 ha cette année contre 2 500 ha l'an dernier, devrait compenser en partie cette baisse de rendement.
Et en betterave ?
Il est encore trop tôt pour se prononcer. A date, les estimations de rendement sont à la baisse, mais la betterave dispose d'un pouvoir compensatoire important. Si l'automne est humide, elle peut refaire une partie de son retard.
Cela signifie quoi en termes de disponibilité en pulpe ?
Comme les années précédentes nous privilégions nos éleveurs-adhérents en essayant d'honorer leur demande. Cependant, en cas de pénurie, nous devrons anticiper et faire en sorte que l'effort soit collectif, car nous sommes plusieurs acteurs au sein de cette filière. Chacun doit prendre ses responsabilités. Dans quelle proportion alimenter le secteur de la méthanisation ? C'est par exemple une des questions à se poser pour un arbitrage le moins douloureux possible entre l'offre et le demande.
Faut-il s'attendre à une flambée des prix ?
Nous allons consommer cette année 3 000 t de charbon (sur des positions prises avant la crise ukrainienne) contre 11 000 t l'an dernier, c'est donc un moindre mal. Parallèlement, dans le mixte énergétique, c'est la biomasse qui a le moins augmenté. La conjoncture nous donne raison dans nos choix stratégiques énergétiques à long terme. Néanmoins, nous consommons encore de l'électricité et du GNR, subissons une hausse des charges salariales... Tout cela ne sera pas sans conséquences.
Vous évoquez votre stratégie énergétique. Quelles évolutions en 2022 ?
En fin de campagne betteravière, nous avons tourné quelques jours à 100 % de biomasse sur notre ligne polycombustible. Notre objectif, désormais, c'est tous les jours. Cette biomasse, c'est à 95 % de la plaquette forestière bois-énergie. Au-delà, des anas de lin et un peu de miscanthus qui revient prendre place sur le marché des biocombustibles. Sur notre seconde ligne, 100 % charbon, nous apportons des adaptations pour y passer de la biomasse.
Et demain ?
Nous allons poursuivre dans cette voie avec le souci de sécuriser notre approvisionnement énergétique en proximité. Parallèlement, nous cherchons à diversifier les MPA (Matière Première Agricole) que nous déshydratons pour maintenir notre outil coopératif qui réalise 15 Me de CA (Chiffre d'Affaires) avec 17 salariés à temps plein et autant de CDD en pleine saison. L'enjeu est de saturer l'outil pour apporter un maximum de rémunération à nos adhérents.