Viande bovine : situation du marché.
Le mois de mars 2023 montre la poursuite des tendances du début de l’année 2023. Avec toujours la décapitalisation du cheptel allaitant (baisse de 494 000 vaches allaitantes entre le 1er décembre 2016 et le 1er décembre 2022) et, comme toutes les filières agricoles, encore un contexte inflationniste qui certes à tendance à stagner et même à entamer une lente diminution sur le début de l’année 2023, mais qui reste encore à un niveau très élevé.
DES CHARGES A UN NIVEAU STABLE, MAIS TOUJOURS TRES ELEVEES POUR LES ELEVEURS BOVINS ALLAITANTS
Cette inflation inédite se voit par la flambée des prix des matières premières subie par les éleveurs allaitants, sur les 12 derniers mois (chiffres à fin décembre 2022, source : Ipampa viande bovine, RICA 2015, traitement Institut technique de l’élevage) : aliments achetés : + 24 % ; engrais et amendements : + 74,8 % ; énergie et lubrifiants : + 48,6 % ; matériel et petits outillages : + 17,7 %. Cette hausse conséquence des matières premières, couplée à une revalorisation du SMIC, entraine une augmentation des indicateurs coûts de production de 15 % rien que sur l’année 2022 (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019).
Sur le mois de mars 2023, cette inflation continue sur les mêmes tendances que le début de l’année 2023, à savoir sur une très légère et très lente diminution de l’indice IPAMPA viande bovine à hauteur de 137.5 points (VS 137.9 points sur les chiffres publiés le mois dernier, pour le mois de février 2023). Cette diminution est due principalement à la baisse, sur un mois, du poste « Engrais et amendements » (- 11.4 points). À partir de cette réactualisation IPAMPA viande bovine, l’estimation FNB du coût de production sur le mois de mars 2023 est le suivant :
UNE EMBELLIE DES COTATIONS, BIEN REELLE, MAIS CLAIREMENT INSUFFISANTE
En parallèle, la décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016 s’est accélérée sur l’année passée ! (baisse de 110 000 têtes en 2022). Par conséquent, les abattages sont en baisse de 4 % sur l’année passée (Source : Normabev), quand la consommation par bilan, en France, a augmenté de 1,1 % (Source : FranceAgrimer, d’après douanes françaises, Agreste). Cette tendance à la baisse des abattages se confirme encore sur le début de l’année 2023, avec sur les trois premiers mois de l’année, une diminution légère, mais qui se creuse au fur et à mesure que l’année s’écoule (- 1,76 % d’abattages sur les 13 premières semaines de 2023 VS 2022 Source : Normabev).
Cette offre limitée face à une demande dynamique a orienté les cotations à la hausse pour toutes les catégories animales, preuve qu’il n’y a pas de fatalité et que les prix peuvent bel et bien augmenter…
Mais cette embellie est à relativiser au regard de la hausse des coûts de production interprofessionnels ! Bien que les cotations aient augmenté de + 25 % sur l’année 2022, toutes catégories animales confondues (hausse de 1,04 €/kg sur le Prix moyen pondéré)… le constat est là : cette embellie des cotations, bien que réelle, ne permet toujours pas de couvrir la hausse des charges subie par les éleveurs sur l’année écoulée. L’écart entre coût de production interprofessionnel et cotation ne diminue que très légèrement sur les diverses catégories animales, par rapport à celui de 2018 ! Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins sont loin d’être au rendez-vous… Le mois de mars 2023 montre encore un prix payé producteur à perte, lorsqu’est comparé le prix de revient réactualisé selon l’estimatif FNB à la cotation au 31 mars 2023 !
L’INDICATEUR COUT DE PRODUCTION INTERPROFESSIONNEL, L’ELEMENT INDISPENSABLE AU SEIN DES CONTRATS, POUR FAIRE FACE A L’ENVOLEE DES PRIX DES MATIERES PREMIERES
Il convient de rappeler que, dans le cadre d’Egalim2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Et le coût de production interprofessionnel (selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019 et non un autre) est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation. Le résultat de la mécanique de prix résultant de cette négociation et, présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.
Par la prise en compte du coût de production interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance que la flambée des prix des matières premières sera supportée par son exploitation, de manière viable et durable. Il convient également de rappeler que la prise en compte du coût de production interprofessionnel dans un contrat amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement sur l’année passée !
Enfin, cela permet de donner de la lisibilité aux éleveurs, à la filière, de la visibilité aux banquiers pour accompagner les jeunes… et avec la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite dans les 10 années à venir, le renouvellement des générations est urgent.
Les graphiques ci-contre donnent des exemples de situations concernant les prix payés aux éleveurs, sur vaches allaitantes et jeunes bovins, selon les modalités négociées de prix : si les ventes étaient au prix du marché (en noir), intégralement basées sur l’indicateur interprofessionnel de prix de revient (en vert), et entre les 2 avec des proportions différentes (en jaune, gris et orange).